lundi 19 septembre 2016

La Bretagne, ca vous gagne... !


Il n'y a pas eu de bizutage pour Magaly à son arrivée au centre fin décembre, alors elle a décidé de s'auto-bizuter... Petit flash-back sur un épisode épique de cet hiver, qui n'est publié que maintenant, le temps que les idées sèchent (vous allez comprendre) !
"Par un jour de beau temps longtemps attendu, je pris le camion afin d'aller promener les chiens au chaos du Gouët, un terrain que je ne connaissais pas encore et que j'avais hâte de découvrir. Les explications routières d'Antoine en tête, les dix chiens en voiture, me voilà partie à l'aventure. J'arrive sans encombre sur le petit parking mi-gravier, mi-herbe et décide de me garer bien sur le côté, à l'entrée du sentier, histoire de ne pas libérer mes loulous sur la dame en train de changer de chaussures dans sa voiture.

Passé le sentier de grosse gadoue qui fait schlok-schlok autour des bottes et qui rappelle cruellement le précédent mois de pluie, et la descente infernale vers le Gouët en mode surf-sur-la-boue, je découvre un endroit charmant, où les chiens ont tout loisir d'explorer, crapahuter, se baigner et courir les poils au vent.



Cinq loulous mouillés, bien sales, bien fatigués mais contents-contents remontent dans le camion et laissent la place aux cinq suivants. C'est reparti pour un deuxième tour gratuit dans la gadoue, puis sous le soleil qui brille sur le Gouët.
Une bien belle matinée ma foi, me dis-je en mon for intérieur.


Ah, ah, c’était sans compter sur l'ironie de la vie qui aime me jouer des tours...

C'est donc toute guillerette qu'une fois tous mes loulous à bord, j'embarque dans le camion pour rentrer au centre, avec tout de même une petite appréhension quant au chemin du retour... On est un peu perdu dans la cambrousse et rien ne ressemble plus à un bosquet qu'un autre bosquet, et j'ai bien peur de ne pas avoir été très perspicace dans mes repérages à l'aller, du style : "il faudra tourner à droite au gros arbre". On verra.

Pour l'instant, marche arrière...broooooooooommmm, broooommmmm...oh, oh, on dirait bien que ça patine à l’arrière droite. Je descends. Ah oui, je suis dans une ornière de gadoue cachée sous l'herbe ! Qu'à cela ne tienne, je vais tourner par l'avant.
Marche avant, je tourne... brrrrooooooommmm, brrrroooommm... Oh, oh, tiens, ça patine aussi. Je descends. Ah oui, une autre ornière de gadoue cachée sous l'herbe. Bon ben, allez, marche arrière à fond-les-ballons pour passer la première ornière... brrrrroooommmm. Ca ne marche pas. Bon ben, marche avant à fond, alors... brrrrooooommm... Ah, non plus...
Je vais tourner les roues, dans ce cas ! Non, je peux plus, je suis trop coincée. Chouette.

Je me pose 2 secondes pour réfléchir (si, si, 2 secondes, j'y arrive encore) et là, "ting", une lumière s'allume : "Nan mais oh ! Je suis une fille de la montagne ou bien ? J'ai vécu au Canada ou bien ? La glace, la neige, ça me connait, je sais comment gérer ces situations : il faut mettre une couverture sous la roue pour qu'elle agrippe".... Je cherche des yeux dans le véhicule : YES, j'ai des grandes serviettes, çà fera l'affaire.
C'est donc avec un sourire triomphant aux lèvres, celui qui exprime la satisfaction du pouvoir de raisonnement de l'homme sur la machine, que j'installe ma serviette dans l’ornière, bien collée à la roue et tant pis si je me colle de la gadoue partout (de toute façon, je suis en combinaison intégrale, gants et couvre-chaussures pour cause de problème dermato sur le centre : la classe).
Un tour de clé, j'y vais franchement sur le champignon et là... bbbrrrroooommmm, slack ! ma serviette jadis blanche et maintenant marronnasse s'envole et la roue reste dans l’ornière. Mon sourire commence à détriompher et à la quatrième tentative toujours aussi infructueuse, il n'est carrément plus triomphant du tout, voire vaincu par KO.


Il est midi, un peu penaude j'appelle Sophie à la rescousse avant que tout le monde ne débauche pour la pause déjeuner. Et là, la question qui tue : Sophie: "tu es où ?"... Moi : "Ben sur le parking du Chaos du Gouët"... Sophie : "Oui, mais lequel ?"... Moi : "Celui où y a un panneau avec une carte dessus qui dit : vous êtes ici"... Sophie : "Hein?"... Moi :"Là où Antoine m'a dit"... Personne ne me retrouvera jamais, je vais finir ici, dans la gadoue bretonne, mangée par les chiens. Bon, je n'ai pas vraiment pensé ça, mais un peu quand même. Et là, Sophie me dit : "ok, on arrive"... OUF !





S'ensuivent des essais tous infructueux de serviette et même de palette sous roue par Antoine, de poussage de camion avec le petit utilitaire (qui y a laissé sa boite de vitesse...) et finalement d'essais d'attelage avec sangles grâce au secours de Stan. Je vous passe le gentil Monsieur en camion utilitaire venu se garer sur le parking et qui voyant deux femmes (les garçons étaient partis chercher les sangles) en combinaisons intégrales près d'un camion clairement embourbé a pris son courage à deux mains et... est reparti vite fait, bien fait, sans rien nous demander.

Sophie, fin contente!

Il était 13h, le désespoir commençait à gagner toute l’équipe... et pas que la bipède. L’équipe canine commençait aussi à trouver le temps sacrement long. J'ai donc fait descendre les dix loulous pour les aérer un peu dans le champ d'à coté pendant que les autres cogitaient sur une ultime tentative avant l'appel des secours.
Et là : brrrrroooommmmmm, put, put, put, put....POUEEEEEEET, POUEEEETTT ! Oh ! miracle... Il semblerait que 300 kg de chiens en moins dans le camion aient fait la différence... ou comment 4 cerveaux humains ont pensé à tout sauf à ça... pendant 1 heure.
Voilà, voilà.
Une pensée furtive pour le sourire triomphant de l'homme sur la machine, tout ça, tout ça.

Leçons apprises :
1. en Bretagne, ne JAMAIS se garer sur l'herbe, elle est fourbe, elle cache la gadoue. Les cailloux, c'est plus sûr.
2. réfléchir avec TOUS les neurones, pas seulement ceux de l’expérience, mais aussi ceux de la logique.
3. et enfin, ne JAMAIS avoir un sourire triomphant avant de triompher."